
Elle ne s'est pas attardée sur le retour au pouvoir de son président et compagnon, Luiz Inácio Lula da Silva, pour façonner son avenir. Un an avant d'occuper le poste de ministre des Peuples Autochtones, Sonia Guajajara, originaire de la tribu éponyme, avait déjà réussi à accéder au Congrès national, élue comme députée fédérale de l'État de São Paulo (Parti Socialisme et Liberté) en 2022. Cette semaine encore, elle était présente au regroupement annuel de milliers d'indigènes D'Amazonie jusqu'à Brasília, la Ministre Brésilienne échange avec l’Humanité Les avancées obtenues au cours de son mandat sont mises en avant, tout comme les menaces pesant sur le Brésil.
Le département que vous dirigez a été établi en 2023 grâce à la promesse du président Luiz Inacio Lula da Silva. Quels sont les projets et politiques que vous avez mis en place ?
Mon objectif est de garantir nos droits, en "reforester les esprits" et promouvoir le bien-être des populations autochtones brésiliennes. Il s'agit également de renforcer leur indépendance concernant l'accès aux terres, la gestion et répartition des ressources naturelles, ainsi que la préservation des connaissances et traditions anciennes, tout en favorisant la diversité entre différents groupes ethniques, genres et âges, et en encourageant leur implication dans la gouvernance nationale. Au bout de deux années seulement, nous avons réussi à obtenir une reconnaissance officielle pour treize territoires autochtones, un nombre supérieur à ceux accordés durant toute la décennie avant la fondation du ministère.
Nous avons réussi à mener cinq opérations d'expulsion de squatteurs et d'activités illicites dans les zones d'Alto Rio Guama, Apyterewa, Trincheira Bacaja, Karipuna et Munduruku. De plus, deux autres expulsions sont actuellement en cours sur le territoire d'Arariboia ainsi qu'en zone yanomami. Pour cette dernière, nos efforts se renforcent davantage car la situation humanitaire s'est considérablement détériorée entre 2019 et 2022.
Cela comprend principalement le combat contre la famine, l'amélioration des conditions sanitaires, la restauration des services de santé et l'élimination du minage illégal. Au terme de deux ans d'actions conjointes, les décès dus à la malnutrition ont diminué de 68 % durant le premier semestre 2024 comparativement à 2023. Cependant, il reste encore beaucoup à accomplir. Le combat pour les droits des peuples indigènes ne cesse jamais.
La Constitution du Brésil en 1988 a renoncé à l'idée d'assimilation et a établi officiellement des droits spécifiques pour les peuples indigènes. Quels défis persistent encore aujourd'hui ?
Ces droits ne seront totalement réalisés qu'une fois que les terres auront été restituées pour une utilisation exclusive des populations autochones, conformément à ce que stipule la Constitution. Il est essentiel d'abroger le concept juridique du "Marco Temporal" (la frontière temporelle), qui se contente de reconnaître les droits territoriaux des peuples indigènes sur les zones où ils vivaient lors de l'entrée en vigueur de la Constitution de 1988, ignorant ainsi ceux anéantis par la colonisation ou pendant la période de la dictature militaire — NDLR.
Cette doctrine, qui n'est pas reconnue au niveau international, mais que le Congrès — contrôlé par des partis de centre droit et d'extrème droite — a adoptée en 2023, a accru la violence dans les zones rurales et impacté les collectivités à travers tout le pays. Ce faisant, elle constitue principalement un recul juridique, bien qu'elle ait été déclarée anticonstitutionnelle par le tribunal suprême fédéral.
La sous-représentation dans les espaces décisionnels doit également être abordée. L’éducation, l’assainissement et l’agriculture familiale doivent être consolidés à l’échelle nationale pour rendre leur dignité aux communautés et rectifier la négligence causée par la colonisation et les gouvernements passés.
Au cours de votre mandat, vous avez décrit les politiques du prédécesseur ex-président Jair Bolsonaro comme suit : « génocidaire » Bien qu'il doive faire face prochainement à un procès pour complot visant à renverser l'ordre constitutionnel, il bénéficie toujours d'un appui significatif auprès du public. Redoutez-vous que ses partisans ne rétablissent leur influence au gouvernement ?
Le cercle de soutien autour de Bolsonaro dépasse son propre électorat. Beaucoup d'entre eux occupent présentement des positions au Congrès ainsi que des rôles importants dans le gouvernement, ce qui leur confère une influence notable. Cette emprise pourrait se renforcer en cas de victoire de l'extrêmisme droitier aux futures urnes.
La gestion antérieure avait explicitement adopté une ligne d'action : geler régulièrement les fonds destinés aux initiatives sociales et se désengager progressivement du soutien étatique. Ces mesures ont eu un impact dramatique sur les groupes brésiliens qui étaient déjà dans une situation précaire. Un nouveau succès électoral pour la droite radicale aggraverait encore davantage cette détérioration en s'accélérant considérablement.
Toutefois, la structure démocratique du Brésil conserve sa résilience, notre pays dispose d’une architecture institutionnelle complexe, avec des contrepoids conçus pour empêcher la concentration du pouvoir et l’excès de compétence.
Face à un tel scénario, des législateurs consciencieux et engagés dans le bien-être public pourraient toujours opérer au sein du système. La résistance persisterait à travers des fonctionnaires occupant des postes gouvernementaux stratégiques, à condition que la démocratie elle-même survive. Cette mise en garde cruciale souligne la menace posée par Bolsonaro et les tentatives de sa coalition de démanteler les institutions démocratiques.
« La dictature militaire et le racisme visent tous deux un but essentiel : maintenir les avantages des classes aisées au pouvoir, tandis que les travailleurs sont voués à l'exploitation et à une exclusion sociale. »
Derrière le bolsonarisme se dissimule l'épidémie du racisme institutionnellement ancré au Brésil. Sa force est-elle comparable à celle qui prévalait pendant la période de la dictature ?
La gestion fédérale présente a mis l'accent sur cette question grâce à des politiques interministérielles et à des départements dédiés, concentrant leurs efforts sur la promotion d'une équité sociale au profit des peuples autochtones, des Afro-brésiliens et des femmes.
Cependant, comme les institutions gouvernementales et ceux du domaine privé reproduisent souvent les inégalités sociales généralisées, il est nécessaire d'adopter des actions antiracistes efficaces : reformer la législation, mettre en place des programmes visant à construire une nation unie, et engager sur le long terme une évolution de l'éducation.
Le drame essentiel du Brésil est lié à l'enracinement du racisme au sein de son tissu social depuis ses débuts. De même que l'empreinte durable de la dictature militaire, le racisme ne disparaîtra pas grâce à un traitement superficiel ou à des actions passagères. Il faut aborder ces formes entrelacées d'oppressement frontalement et avec fermeté.
Ni l'un ni l'autre n'auront disparu naturellement de nos vies quotidiennes, car ils partagent un but essentiel : maintenir les avantages des classes aisées et favorisés au détriment des travailleurs, qui se retrouvent ainsi dans une situation d'oppression et d'exclusion sociale.
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