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Escalade verbale diplomatique entre la Chine et les États-Unis concernant le canal de Panama. Le secrétaire à la Défense américain souligne que son pays doit adopter une position "ferme" face aux critiques de Pékin, qui accuse Pete Hegseth d'avoir lancé des "attaques malveillantes" lors de sa visite au pays centro-américain.

"Nous ne cherchons pas la guerre avec la Chine. Et la guerre avec la Chine n'est certainement pas inévitable. Nous ne la cherchons sous aucune forme. Mais ensemble, nous devons prévenir la guerre en faisant preuve de fermeté et de vigueur face aux menaces de la Chine dans cet hémisphère", a déclaré M. Hegseth mercredi lors d'une conférence régionale sur la sécurité à Panama.

Face à un auditoire composé de hauts responsables militaires et sécuritaires d'Amérique centrale, M. Hegseth a souligné que certaines sociétés chinoises "acquièrent des terrains et s'introduisent dans des infrastructures essentielles au sein de domaines clés comme l’énergie et la communication". Il a également exprimé sa préoccupation quant à ce qu'"une présence excessive de l’armée chinoise se manifeste dans le côté ouest du continent", ajoutant que cette armée "utilise divers équipements militaires et exploite les richesses naturelles ainsi que les sols afin de soutenir ses objectifs militaires internationaux".

À son arrivée mardi, lorsqu'il a pris la parole à l'un des accès du canal interocéanique, le secrétaire à la Défense a prévenu qu'"aucun État-Uni n'autorisera la Chine communiste ni aucun autre pays à compromettre le bon fonctionnement et l’intégrité du canal." Il a également souligné : «La Chine ne devra pas utiliser cette voie navigable comme une arme. En collaboration avec le Panama, nous veillerons à sa protection.”

Mercredi, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Lin Jian s'est vivement insurgé contre les "attaques injustes" lancées par le secrétaire américain à la Défense, qui ont dénigré et compromis la collaboration entre la Chine et Panama, soulignant ainsi encore une fois la brutalité inhérente aux États-Unis.

Les États-Unis, ayant aménagé le canal et lancé son exploitation en 1914, ont transféré sa gestion au Panama en 1999. Cependant, le président Trump a évoqué la possibilité d'en reprendre le contrôle, ne fermant pas non plus la porte à une intervention militaire, estimant que derrière les scènes, il est manipulé par Beijing.

"Chantage" et "spoliation"

Les États-Unis et la Chine sont les plus grands usagers de ce canal, à travers lequel passe 5 % des échanges maritimes mondiaux.

L'affaire concerne la gestion opérée par le conglomérat hongkongais CK Hutchison des deux ports situés dans le canal de Panama, à savoir Balboa ( côté Pacifique ) et Cristobal ( côté Atlantique ).

CK Hutchison a récemment signé un accord préliminaire pour vendre les deux ports qu'elle gère à un groupe d'investisseurs américains. Cependant, une investigation menée par le superviseur des marchés chinois empêche actuellement la finalisation de cette opération.

Avant l’arrivée du M. Hegseth, les autorités panaméennes avaient révélé les résultats d’un audit qui indiquait que CK Hutchison avait enfreint le contrat de concession datant de 1997 avec sa branche PanamaPortsCompany. Ce dernier devait être prolongeable pendant vingt-cinqans jusqu’en 2021, mais la société ne s’était pas acquittée des 1,2 milliard de dollars qu’elle était censée payer dans ce cadre.

La compagnie de Hong Kong a réfuté jeudi ces conclusions d'audit, les jugeant "incompatibles avec la réalité".

D'après les experts, ce document pourrait fournir un prétexte permettant au Panama d'éventuellement révoquer la concession accordée à CK Hutchison, dans le but de se conformer aux souhaits exprimés par Washington.

Le déplacement de M. Hegseth suit celui, en février, du secrétaire d'État Marco Rubio, qui avait alors exhorté le Panama à diminuer l'influence de la Chine sur son territoire.

Le président panaméen Raúl Vásquez Molina avait déclaré lors de cet événement qu'il n'allongerait pas l'entente commerciale et économique appelée « Nouvelles Routes de la Soie », qui est un pilier du plan proposé par le président chinois Xi Jinping, accordée en 2017 entre la Chine et le Panama.

Pete Hegseth a salué mercredi cette décision comme un reflet de la manière dont le gouvernement panaméen "comprend pleinement la menace que pose la Chine".

Mercredi, lors de la dernière conférence de presse avant son départ, un différend diplomatique a été soulevé concernant le Panama.

Aux côté du ministre de la Défense panaméen, M. Hegseth a abordé publiquement la possibilité d'un redéploiement des forces américaines au Panama, pays qui avait été envahi par les États-Unis en 1989 dans le but de destituer le dictateur Manuel Antonio Noriega.

En parlant d'exercices de sécurité communs, c'est l'opportunité de redémarrer, qu'il s’agisse d'une base militaire, d’une station aéroportuaire navale ou de lieux où les forces américaines peuvent collaborer avec les unités panaméennes afin de « sécuriser » le canal reliant l'Atlantique au Pacifique.

Cependant, le ministre Frank Abrego a catégoriquement repoussé la proposition : « Le Panama a expressément indiqué via le président (José Raul) Mulino qu'il est impossible d'accueillir des bases militaires ou des installations de défense ».

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